Soft Skills Magazine
Et si l’on devait revenir au temps où l’on ne sortait que rarement de son propre village ? Ce n’est pas si vieux, un siècle tout au plus. C’est l’arrivée du chemin de fer qui va décloisonner les territoires.
Puis l’automobile.
Qui n’a pas rêvé devant une voiture, une seule fois dans sa vie ? Elle nous a sorti de notre isolement. On lui doit beaucoup. Elle est quand même sacrément utile, elle peut tout faire, nous emmener partout. Elle évoque le voyage, les vacances… Ou de manière plus pragmatique, elle nous emmène au travail ou au supermarché. Elle est au cœur de notre civilisation actuelle, elle en est le rouage essentiel et le fluidifiant pour permettre d’atteindre la sacro-sainte croissance.
Mais on a bien vite oublié sa fragilité : sa dépendance. L’automobile s’intègre dans le grand système complexe de la mobilité où son omniprésence a fait oublier qu’elle dépendait d’un élément sans lequel rien n’est possible : l’énergie. Et son énergie, c’est désormais son point faible après avoir longtemps été un atout. Le pétrole fut si abondant et a un tel pouvoir calorifique que rien ne semblait pouvoir menacer l’automobile.
La fin du pétrole bon marché va-t-elle sonner le glas de son hégémonie ?
C’est possible, peut-être même souhaitable. Il ne faut pas en douter, même s’il peut y avoir des baisses ponctuelles, la tendance est inévitable : les hydrocarbures sont des ressources épuisables que l’on ne pourra jamais reproduire à grande échelle. Même les hypothétiques réserves de l’Arctique en pleine fonte glaciaire ne satisferont pas les besoins grandissants des économies émergentes. Si toutefois on s’acharne à rester dans le même schéma économique…
Les solutions proposées couramment aujourd’hui par les constructeurs ne permettent pas de réellement répondre aux problèmes économiques et environnementaux posés par l’automobile dans sa conception actuelle. On propose des moteurs hydrogènes ou électriques pour les plus téméraires, hybrides ou à carburants alternatifs, voire simplement des moteurs plus sobres pour les plus timides.
Il n’y a que rarement une réflexion globale, systémique, à l’origine de ces innovations. Aucun acteur ne semble anticiper l’inévitable révolution que va vivre le secteur. Nous ne pourrons pas indéfiniment faire tourner des usines géantes pour équiper des ménages déjà suréquipés, nous ne pourrons pas continuer à effectuer la quasi-totalité de nos déplacements avec un seul et unique moyen dont le mode énergétique appartient déjà au passé. Dont le mode d’utilisation même semble intenable.
Rien à court terme ni à long terme ne pourra remplacer dans les mêmes conditions l’automobile thermique. Que se soit son autonomie, sa facilité à produire, à approvisionner, à distribuer, ou pour l’instant, à égaler son coût.
Aujourd’hui, ce n’est plus d’ajustement dont nous avons besoin pour faire face à la triple crise économique, écologique et énergétique. C’est d’un changement radical en faveur d’une mobilité durable où l’intermodalité sera la règle. Il n’y aura pas UNE solution mais DES solutions de mobilité. Comme il n’y aura plus UNE énergie mais DES énergies.
Pourtant, nombreux sont ceux qui continuent de penser de manière unilatérale !
De la multiplicité des types de transport proviendra la réponse aux défis qu’impose le passage à un développement durable. Car maintenir notre niveau de mobilité est essentiel, au risque de retomber un siècle en arrière…
Après ce petit édito en faveur de l’intermodalité et de la rupture dans le monde automobile, j’aborderai progressivement des thèmes plus précis pour mes prochains articles. Si la plupart seront en rapport avec la mobilité et plus particulièrement l’automobile, mon domaine professionnel, je ne m’interdis pas toutefois d’aborder des sujets coups de cœur !
fabrice MAULEON
Un sujet intéressant en perspective de rentrée. Les français sont ils prets à intégrer un critère enviro dans le choix de leur futur véhicule à l’heure de la crise économique et pétrolière…Peut être serait il intéressant de contacter une école d’ingénieur sur ces sujets